lundi 12 janvier 2015

Week End du 10-11 Janvier 2015

Le travail, y’a pas que ça dans la vie ! Ch. Chaplin (“Les Temps Modernes”)  
Travailler pour vivre, ou vivre pour travailler ?
 Ex 20,8: “Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier.”
Lc 10,38-42 : “C’est Marie qui a choisi la meilleure part. Elle ne lui sera pas enlevée.”


Vous étiez nombreux absent ce week end alors ces quelques lignes vous donnerons une idée de notre partage.


L'intro de Bruno sur le texte de Samedi :
  « Travail » chez les Hébreux puis Juifs.
Le mot travail en français provient du latin "tripalium" qui signifient trois bâtons ou pieux que l'on croisait pour entraver les pieds des esclaves ou qui servaient à torturer... Un autre mot se joint à cette origine pour former "travail", c'est "trabicula" qui désigne une petite poutre servant à immobiliser les animaux, par exemple pour les ferrer, et aussi les femmes qui accouchaient, mais qui servait également à torturer... Chez les Grecs et les Romains le travail était usuellement lié à la souffrance et essentiellement réservé aux esclaves ! Chez les Hébreux puis les Juifs, le travail, essentiellement manuel, est d'abord regardé comme élément d'activité permettant de se nourrir et il est vu positivement. Le travail commercial ou bancaire s'est développé en Europe surtout au Moyen Age et jusqu'à sa fin, lorsque les Juifs se virent interdire l'accès à certaines professions. Dans les récits du début du livre de la Genèse (ch. 1-3) qui nous présentent Adam et Ève dans le jardin d’Éden, ceux-ci sont invités à se nourrir de fruits et d'« herbes qui portent leur semence » et à « cultiver le sol ». Le travail apparaît évident. Il n'est question de pénibilité qu'après qu'ils soient chassés du jardin d’Éden. La pénibilité semble d'ailleurs surtout liée au travail agricole plus qu'à l'activité de chasse ou de pâturage des animaux (sauf en pays aride). Du fait de leur expérience de la servitude en Égypte selon la Bible (on n'en a aucune trace archéologique et la construction des Tempes ou Pyramides n'étaient vraisemblablement pas réalisés par des esclaves) et certainement lors de l'Exil, à Babylone notamment, les Juifs ne doivent pas imposer un travail servile trop contraignant à ceux qui vivent chez eux, immigré compris. Tous les sept ans les esclaves devraient être libérés ; cela est redit plusieurs fois ce qui indique que ce n'était pas toujours appliqué ! Ils pratiquèrent donc l'esclavage. Le travail des prisonniers qu'ils auront chez eux méritera salaire avant le prochain lever du soleil (ou coucher du soleil pour le travail de nuit) : Il s'agissait donc surtout de travail de journaliers. Le travail méritera aussi repos et repas ; lorsqu'il concernera des produits alimentaires, le salarié pourra se servir pour sa consommation familiale. Le repos quotidien est dû. Le repos s'applique aussi le septième jour selon la loi du sabbat (ou shabbat) qui concerne tous ceux de la maison, animaux inclus qui doivent pouvoir se régénérer. A proximité de l'ère chrétienne, les « rabbis » ou rabbins juifs qui étudient l’Écriture ou ses développements (midrashim, Talmud) ont habituellement aussi un travail manuel souvent artisanal (couturier, boucher...) pour ne pas vivre uniquement sur le travail de recherche dans l’Écriture que tout bon Juif est invité à réaliser. Il y aura pourtant un rabbi pour défendre que cette recherche est la plus belle activité de l'homme et qu’elle mérite salaire si l'on s'y consacre totalement. Il n'emportera pas l'adhésion de ses confrères. Le droit de grève est également reconnu afin qu'il n'y ait pas d'abus envers les salariés. En cas de salaire « oublié » la parole sous serment du salarié l'emporte sur celle de l'employeur car ce dernier a pu s'emmêler s'il a beaucoup de salariés alors que le salarié n'a qu'un salaire. Bref, les Juifs ont une vision positive du travail y-compris salarié. Ils formulent cependant une exigence : le travail doit être effectué consciencieusement et respecter les consignes (cela aurait évité des ennuis à Adam et Ève !)


Travaillé le samedi : Exode 20,1-21


1 Dieu prononça toutes ces paroles, et dit :
2 " Je suis Yahvé, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
3 Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi.
4 Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre.
5 Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car moi Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui me haïssent, 5
6 mais qui fais grâce à des milliers pour ceux qui m'aiment et gardent mes commandements.
7 Tu ne prononceras pas le nom de Yahvé ton Dieu à faux, car Yahvé ne laisse pas impuni celui qui prononce son nom à faux.
8 Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier.
9 Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ;
10 mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes.
11 Car en six jours Yahvé a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour, c'est pourquoi Yahvé a béni le jour du sabbat et l'a consacré.
12 Honore ton père et ta mère, afin que se prolongent tes jours sur la terre que te donne Yahvé ton Dieu.
13 Tu ne tueras pas.
14 Tu ne commettras pas d'adultère.
15 Tu ne voleras pas.
16 Tu ne porteras pas de témoignage mensonger contre ton prochain.
17 Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, rien de ce qui est à ton prochain."
18 Tout le peuple, voyant ces coups de tonnerre, ces lueurs, ce son de trompe et la montagne fumante, eut peur et se tint à distance.
19 Ils dirent à Moïse : " Parle-nous, toi, et nous t'écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, car alors c'est la mort. "
20 Moïse dit au peuple : " Ne craignez pas. C'est pour vous mettre à l'épreuve que Dieu est venu, pour que sa crainte vous demeure présente et que vous ne péchiez pas. "
21 Le peuple se tint à distance et Moïse s'approcha de la nuée obscure où était Dieu. 

 De quoi nous parle le texte ? :
1) Qui parle et comment  se présente t-il ? A qui parle t il ? Pour qui parle t il ?
2) Qu'est ce qui est en cause des verset 3 à 7 ? Quest-ce que ca change ?
3) A quoi bon un jour de pause ? Pourquoi s'en souvenir et ne pas l'oublier ? Pour qui est ce jour ?
4) Quelle idée du travail et du non travail vous faites-vous en lisant ce texte ?
5) Comment considérons-nous le travail et le non travail aujourd'hui ?




 Introduction de Bruno à l'étude du passage de l'évangile selon Luc, chapitre 10, versets 38-42 
« Jésus, Marthe et Marie » :

Il n’est pas inutile de se rappeler que l'épisode concernant l'accueil de Jésus dans la maison de Marthe en présence de sa sœur Marie se situe juste après la parabole de l'attention au prochain, habituellement appelée parabole du bon Samaritain. Ces deux passages se complètent et ne se contredisent pas. Vous connaissez déjà bien cette parabole.
Les versets 25-28, qui précèdent la parabole et l'arrivée de Jésus chez Marthe et Marie, précisent en effet quel est le commandement qui peut être reconnu comme résumant tous les autres, toute la Loi, et qui ouvre la voie de la vie éternelle, voie que Jésus ne veut pas seulement enseigner ou approuver mais ouvrir lui-même fût-ce par le don de sa vie : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même. »
Par ailleurs, ces versets se situent dans l'évangile selon Luc alors que Jésus se dirige résolument vers Jérusalem comme l'annonce Lc 9, 51-52 (on peut se le remémorer en lisant ce passage jusqu'au verset 55). Il s'agit donc d'un parcours dont Jésus est conscient qu'il sera décisif pour lui, conscient des risques qu'il prend, notamment de l'opposition des puissants, religieux ou politiques qui ne le reconnaissent pas et lui en veulent au point de le faire condamner. Mais Jérusalem est le lieu symbolique de la reconnaissance de celui qu'il va apprendre à ses disciples de nommer leur Père (11, 2-4) après l'avoir ainsi nommé lui-même comme son Père (10, 21-22)[1].
On notera enfin que le dernier verset du passage à étudier ne s'adresse pas à Marie mais à Marthe et nous serons attentifs à la façon dont Jésus prend la parole. 
Bonne étude !

[1] Les écrivains qui affirment que la croyance en la Trinité trouve son origine dans le concile du quatrième siècle qui l'a en effet définie, n'ont sans doute pas bien lu les évangiles... cf. Lc 24, 49 ; Actes (du même Luc) ch.1, 4-5.8, 2, 33
 
Travaillé le Dimanche :  Luc 10,1;38-42.

1Après cela, le Seigneur désigna soixante-douze autres disciples et les envoya deux par deux devant lui dans toute ville et localité où il devait aller lui-même.
38Comme ils étaient en route, il entra dans un village et une femme du nom de Marthe le reçut dans sa maison. 39Elle avait une sœur nommée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 40Marthe s’affairait à un service compliqué. Elle survint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissée seule à faire le service ? Dis-lui donc de m’aider. » 41Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. 42Une seule est nécessaire. C’est bien Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée. »

 De quoi nous parle le texte ? :
 1) Qui fait quoi exactement ? (actions)
2) Est-ce que Marthe reçoit bien Jésus ? Pourquoi se plaint-elle ? (Au verset 42, une seule chose est necessaire, laquelle ?)
3) Dans notre vie nous est-il déjà arrivé d'être Marthe plutôt que Marie ?
4) Où vous situez vous entre la recherche de reconnaissance et l'épanouissement personnel ? Il ne faut pas être esclave du travail.
5) Travailler pour vivre ou vivre pour travailler, qu'en pensez vous ?



Samedi soir, vétus de nos costumes de travail ou de non travail, nous avons partagés un très grand moment de musiques cadencées.....

Dimanche, à l'heure de la perle et à l'unisson de la France, nous avons fait  mémoire  en silence.

Le Nom de la rose


«L’Antéchrist peut naître de la piété même, de l’excessif amour de Dieu ou de la vérité […]. Redoute, Adso, les prophètes et ceux qui sont disposés à mourir pour la vérité, car d’ordinaire ils font mourir des multitudes avec eux, souvent avant eux, parfois à leur place. […] Le devoir de qui aime les hommes est peut-être de faire rire de la vérité, faire rire la vérité, car l’unique vérité est d’apprendre à nous libérer de la passion insensée de la vérité.» Extrait du livre Le Nom de la Rose par Umberto Eco (1980)